Circulaire 9621 : entre hypocrisie et menaces

Dans la circulaire 9621, intitulée « Rappel des obligations professionnelles des enseignants et de l’interdiction de toute activité de propagande politique dans les établissements professionnels des enseignants », le ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles cite l’article 1.7.3-3 du Code de l’Enseignement, soulignant que : « Toute activité et propagande politique ainsi que toute activité commerciale sont interdites dans les écoles ». La publication de ce texte lors de la journée de grève des services publics du 25 novembre, auquel le secteur enseignant a pris part, n’a rien d’anodin et sonne comme une menace.
Le fait que la notion d’ « activité et de propagande politique » n’est pas clairement définie dans le texte et pourrait notamment poser de graves atteintes à la liberté d'enseigner. Un professeur pourrait-il être visé par des sanctions s’il traite l’histoire du syndicalisme dans ses cours ? Et si une enseignante aborde les questions de justice sociale ? Peuvent-ils encore s’habiller en rouge ou en noir ? La négociation en cours sur l’avant-projet de décret « Neutralité », qui fait très clairement partie d’une stratégie « écran de fumée » pose des questions similaires.
Il nous semble d'autant plus important de tirer la sonnette d'alarme vu la souplesse avec laquelle l'Administration générale de l'enseignement interprète la notion de "propagande politique" lorsqu'il s'agit de sa propre communication. En effet, rappelons que le 3 novembre 2025, celle-ci avait envoyé un mail aux personnels de l’enseignement détaillant les « décisions » budgétaires 2026-2029 du gouvernement de la FWB, alors que celles-ci n’avaient été ni négociées par les organisations syndicales, ni votées par le parlement. Le fait de déguiser une communication politique en un mail « administratif » s’inscrit dans une rupture totale avec le principe de neutralité du service public. Autrement dit, le gouvernement ferait bien de balayer devant sa porte avant de venir une nouvelle fois taper sur les enseignant·e·s, qui eux/elles, ne sont aucunement animé·e·s par une volonté de « propagande politique », mais profondément motivé·e·s par leur mission d’encourager les élèves à faire preuve d’esprit critique. Face à de tels politiques et de telles méthodes, cette faculté est plus indispensable que jamais.