Enseignement qualifiant : sa dévalorisation aggravée par le gouvernement MR-Les Engagés

 

Les projets des gouvernements successifs pour l’enseignement qualifiant continuent de s’éloigner de l’objectif d’une école de qualité pour tou·te·s. Le décret-programme du gouvernement MR-Les Engagés ajoute ses effets délétères aux conséquences des réformes déjà en cours adoptées lors de la législature précédente (décrets PEQ et gouvernance).

Décret-programme

Les suppressions brutales, sans autre justification que budgétaire, de 3 % de l’emploi dans les équipes pédagogiques de l’enseignement qualifiant et de l’accès aux 7es années de l’enseignement obligatoire qualifiant ont été vécues comme un énorme choc pour le monde de l’enseignement. Les membres du personnel se sont mobilisés de manière importante, si bien que la ministre Glatigny s’est engagée dans un « football panique » pour faire face aux conséquences (pertes d’emploi, élèves privés de formation…).

Les organisations syndicales déplorent que la ministre prétende limiter la casse en produisant de fausses solutions aux problèmes dont son gouvernement est lui-même à l’origine. Concernant les élèves par exemple, un bon nombre d’entre eux seront redirigés vers l’enseignement de promotion sociale (renommé enseignement pour adultes par la même ministre…), entrainant toute une série de nouveaux problèmes : organisation des cours en journée ou en décalé, distance supplémentaire à parcourir, cours adaptés pour des adultes et non pour des jeunes en formation initiale, etc. Pire, certains élèves se retrouveraient même envoyés vers des opérateurs de formation régionaux dont les modalités d’organisation et d’apprentissage ne relèvent pas des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

On constate également que la limitation des possibilités de déployer les apprentissages dans une 7e année empêchera dorénavant l’enseignement obligatoire de proposer à ses élèves des cursus menant à de nouveaux métiers pourtant définis par le Service Francophone des Métiers et des Qualifications.

Pour le personnel, les solutions ne sont pas plus glorieuses. On annonçait initialement que les enseignant·e·s impacté·e·s retrouveraient de l’emploi en promotion sociale. Confrontée à la réalité, la ministre ne garantit finalement plus rien, si ce n’est la possibilité d’être rappelé à l’activité ou complété dans un autre niveau et un autre réseau qui devrait être in extremis introduite dans les statuts là où elle n’existe pas… une obligation de publier les emplois issus du transfert des 7es et toujours non pourvus après les règles de priorité de dévolution des emplois sur Primoweb est aussi évoquée. On est donc loin des déclarations initiales ! Plus d’infos quand nous recevrons le texte en négociation !

Décret-gouvernance

Il n’y a pas que le décret-programme pour détruire le qualifiant. Les dégâts du décret-gouvernance commencent également à être visibles.

  • Programmations d’options : outre le fait que le gouvernement a pris ses décisions tardivement, dépassant allègrement la date-butoir du 1er mars, le taux d’autorisations de programmer subit une diminution significative et le gouvernement ne se saisit pas de la possibilité prévue par le décret de lancer un appel d’offre pour la création d’occurrence d’options nouvelles, absentes ou trop peu nombreuses.
  • Les fermetures d’options sous les nouvelles normes commencent à la rentrée prochaine. Sous les pressions multiples, le gouvernement a décidé d’accorder un sursis à certaines de ces options, lorsque le nombre d’élèves en 4e et en 5e années permet d’espérer rencontrer la norme, qui est vérifiée en 5e et 6e, l’année suivante. La disposition décrétale n’est pas encore votée et devrait arriver in extremis également Néanmoins, l’école peut déjà voir quelles options bénéficient de ce statut de « RF1bis » (appellation non définitive) dans le programme informatique GOSS. Cette information relève bien entendu des organes de concertation.

L’attaque contre l’enseignement qualifiant s’inscrit dans le projet élitiste et inégalitaire que prône ce gouvernement de droite. Les raisons budgétaires invoquées ne doivent pas faire oublier le caractère idéologique des mesures. En considérant que le qualifiant doit avant tout conduire à l’emploi, les gouvernements (celui de la Région wallonne est aussi à l’œuvre) font de l’enseignement obligatoire un opérateur parmi d’autres – ni le plus efficace ni le plus rentable à leurs yeux.

La CGSP Enseignement dénonce avec vigueur cette vision de la société et de l’enseignement. Depuis des années est évoquée une nécessité de revaloriser l’enseignement qualifiant. Nous assistons pourtant sous ce gouvernement à sa totale dévalorisation, dont les premières victimes sont les élèves et les personnels qui leur sont dédiés. Les mesures mentionnées impacteront fortement la société dans son ensemble.

  • Retrouvez la position du front commun dans le communiqué de presse ici
  • Pour plus de détails sur la situation et les conséquences des mesures du gouvernement sur le qualifiant, consultez ce petit dossier rédigé par le front commun ici